Avancer en collectif : apprendre de l’alpinisme

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« Avancer encordés – en cordée »

J’ai vécu une expérience intéressante tant au niveau sportif qu’humain qui nous permettra, ensemble, de prendre un peu de recul sur notre manière d’avancer ensemble.

Je vous raconte ?

Nous sommes partis en équipe de trois pour une sortie qui se profilait longue mais pas nécessairement difficile. Atteindre la Croix de Belledonne par la face Nord. Une bonne marche d’approche de 5 ou 6 h, une traversée de glacier qui se fait sans crampon ni piolet en été, puis une traversée de sommets en alpinisme dans des voies qui devaient être faciles et équipées. Nous sommes partis à 6h du matin un dimanche avec une météo parfaite, pas de pluie et pas trop chaud non plus.

Une fois passé le café et le réveil durant les premiers pas, l’ambiance était détendue et nous avions, tous trois, le cœur léger de passer une belle journée dans un paysage somptueux.

Si je vous raconte cette histoire c’est bien, vous l’imaginez, que tout ne s’est pas passé comme prévu.

Au milieu de la randonnée d’approche, l’ambiance s’est un peu tendue. L’un voulait s’arrêter ramasser du Génépi pour une bonne tisane au retour (quelques brins en respectant la reproduction– Attention, il y a une réglementation en vigueur), l’autre ayant des besoins de s’alimenter plus fréquemment et le dernier voulait avancer plus vite car nous avions déjà pris du retard sur le planning.

D’autres difficultés se sont ajoutées quand nous sommes rentrés dans une zone très « péteuse » comme on dit dans le jargon. Des cailloux et pierres se décrochaient sous nos pas et, étant encordés, nous avions très peur de blesser le copain d’en-dessous. Quelques bobos à déplorer en arrivant en haut de ce passage mais heureusement rien de grave, ça aurait pu être pire.

A ce premier sommet justement, tout se gâte puisque nous voyons que la suite du parcours est peu équipée en split (les pitons d’ancrage dans la roche que l’on retrouve sur les voies pratiquées pour y passer des dégaines et un système d’assurage). De plus, la journée est déjà bien avancée. Nous reprenons les topos et comprenons chacun que nous sommes dans une situation inconfortable.

Deux solutions s’offrent à nous, continuer sur le chemin tracé sachant qu’une fois arrivés à la Croix de Belledonne, la redescente se fait facilement en randonnée ; ou faire demi-tour mais le risque de chute et chute de pierres était trop grand en désescalade. La troisième solution était d’appeler les secours, nous ne l’avons pas envisagée sérieusement puisque nous étions encore capables de nous sortir de là, en tout cas d’essayer.

A ce moment-là, personne ne parlait, chacun évaluait les risques dans son esprit. Puis l’un de nous a pris la parole pour partager ses ressentis. Ça a duré 2 minutes, la tension et la peur de chacun était palpable mais l’échange n’a pas eu lieu.

J’étais d’accord avec le fait que continuer était le plus raisonnable mais paniquée à l’idée de traverser ces 2 sommets en corde tendue entre nous uniquement, un assurage sommaire, puisque nous n’avions pas le temps de poser des coinceurs et installer un assureur régulièrement si nous voulions être à notre Saint Graal (la Croix) avant la nuit.

Chacun s’est muré dans son corps et son esprit en essayant de faire au mieux mais la communication était rompue.

Je vous passe le détail des heures suivantes dans le gaz (sur une paroi verticale avec beaucoup de vide dessous) à mesurer chaque pas pour ne pas faire tomber les copains de cordée et perdre ce précieux temps. Nos vies n’étaient pas en danger mais l’appréhension dépasse le rationnel et les seuils de tolérance de chacun étaient différents.

Nous y sommes arrivés et le soulagement s’est fait sentir, le sourire est revenu mais le plaisir d’être ensemble pas tout de suite. Nous étions sortis d’affaire même si le retour aux voitures s’est fait à la lumière des frontales pour une arrivée à 1h30.

Nous avions tous les trois été éprouvés par cette expérience et le cœur lourd de la manière dont ça s’était passé mais tant mieux ! Une difficulté est l’opportunité de leçons à tirer.

Une journée, un projet qui démarre bien puis quelques divergences de besoins et d’avis font leur apparition. Puis viennent les difficultés non prévues et chacun se retranche sur ses appréhensions, la communication en vient à être rompue, les rancunes s’accumulent.


Y a-t-il une autre solution pour mieux avancer ensemble, dans une plus grande joie et efficacité ? : OUI.

Il faut garder le lien humain qui est au centre de tous les projets.

1/ Définir un objectif commun et partagé.

2/ Se préparer en adéquation avec cet objectif, s’équiper. Prévoir le planning avec des marges de manœuvre en cas de variation de charge ou de complexité technique.

3/ Veiller, dès le début, à ce qu’il n’y ait pas de tensions ou de peurs qui cristallisent des rancunes et risquent de véroler l’ambiance de votre équipe. A terme c’est tout l’objectif qui peut être compromis.

4/ Et surtout, c’est la conclusion à laquelle nous sommes arrivés lors de notre débriefing quelques jours plus tard, il ne faut pas avoir peur de perdre du temps en le prenant. Si nous avions fait un « tour de table » pour accueillir les besoins, peurs et idées de chacun, la solitude aurait été moins présente, l’équipe plus soudée. Levons nos réticences à nous exprimer et travaillons à être capable de recevoir les sentiments plus négatifs ou plus difficiles à gérer de nos collaborateurs. Sachant que derrière chaque peur se trouve un besoin, à nous de le décortiquer ensemble. S’il n’y a plus d’entraide, chacun avance en silence.

Vous hésitez à aller voir votre collègue en difficulté ? Ce temps qui vous semble « perdu » sera plutôt un investissement sur l’avenir et comme tout investissement, il y a un temps de « rentabilité » qui n’est pas immédiat mais peux se faire sentir très rapidement.

Une fois les éléments factuels et humains récoltés, enfin, nous pouvons construire une trajectoire ensemble.

Peurs => Besoins => Possibilités

Il faut continuer à surveiller les indicateurs et le moral de l’équipe tout au long du chemin. C’est un état d’esprit à avoir et pas une méthode ponctuelle à appliquer.

Un débriefing semble essentiel pour tout projet, qu’il y ait de bonnes pratiques à capitaliser ou des modifications à appliquer pour la suite.

Les moments partagés avec les partenaires de travail ou de cordée sont essentiels. Préservons-les avec une gestion rigoureuse.

Et n’oubliez pas, vous êtes capable de beaucoup de choses. En se focalisant uniquement sur le sommet, la tâche peut paraitre trop ambitieuse et parfois décourageante. En se fixant comme objectif le relai de la prochaine longueur, le prochain jalon, cela permet de ramener la tâche à quelque chose de plus abordable et aide à calmer le cerveau reptilien.

Enfin et surtout, engager chaque pas avec enthousiasme, en prenant soin de vos collaborateurs pour arriver ensemble, satisfaits, au but global.


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Selma BENHAMOU
Com-Hom

Après plusieurs années de travail en industrie en management QSE et Certification produit, j’ai eu la profonde envie de mettre mes connaissances au service des TPE et PME qui forment le tissu économique de ma région.

J’aime lier la technique (Ingénieur de formation – Grenoble INP) au développement d’une démarche d’amélioration continue (Mastère Spécialisé en QSE – Cesi de Lyon) et de mise en conformité process et produit. Mon crédo est d’autonomiser au maximum la structure en transmettant des outils et le sens derrière chaque action dont l’objectif n’est pas uniquement financier ou réglementaire mais surtout humain, social et sociétal.

Je trouve en Com-Hom une énergie fédératrice grâce aux différentes compétences et personnalités. Des valeurs surtout, bienveillance, écoute et partages qui créent une réelle synergie.